Présidentielle 2025 en Côte d’Ivoire : la liste définitive des candidats est connue, Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam exclus

Abidjan, le 12 septembre (BIPMedia)

La Cour constitutionnelle de Côte d’Ivoire a publié lundi 8 septembre, la liste définitive des  candidats retenus au scrutin présidentiel du 25 octobre prochain. Les candidatures de l’ex-président de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, Président du Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPACI), et de  Tidjane Thiam, Président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) n’ont pas été retenues, et questionnent sur une éventuelle crise pré et post électorale à quarante trois jours de l’élection présidentielle.

Cinq candidats  ont été déclarés éligibles sur une soixantaine de dossiers transmis au Conseil constitutionnel par la Commission électorale Indépendante (CEI), dont  Alassane Ouattara, Président sortant et Président du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix ( RHDP); Jean-Louis Billon, ancien ministre du Commerce du gouvernement Daniel Kablan Duncan ;  Ahoua Don Mello, ancien ministre de l’équipement et de l’assainissement dans le régime du président Laurent Gbagbo, et Représentant Afrique centrale et occidentale des Brics ; Simone Ehivet Gbagbo, l’ex-épouse de Laurent Gbagbo; et Henriette Lagou, ancienne ministre de la Famille, de la Femme et de l’Enfant du gouvernement Affi N’Guessan.

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Photo Tidjane Thiam ©Business Digital et Laurent Gbagbo©La Presse

Les candidatures de l’ex-chef d’Etat Laurent Gbagbo, fondateur et président du Parti des peuples africains de Côte d’Ivoire (PPACI), et de  Tidjane Thiam  à la tête du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) après la disparition du président Bédié et ancien dirigeant du Crédit Suisse n’ont pas été retenues.

La présidente du Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire, Chantal Nanaba Camara  se prononçant  sur les candidatures de Laurent Gbagbo et Tidjane Thiam, a  indiqué qu’elles sont ‘’irrecevables ‘’ étant donné « que les deux candidats n’ont pas la qualité d’électeur(…), une des conditions d’éligibilité ». Autre raison évoquée par Mme Camara est que,  le président Laurent Gbagbo  n’aurait pas réuni le nombre suffisant de parrainages demandé. Le PPACI affirme le contraire.

Plusieurs observateurs pensent que le rejet des candidatures de ces deux poids lourds de la politique ivoirienne, est une manœuvre politique attribuée au pouvoir en place, dans la mesure où les leaders de ces deux formations politiques (PPACI et PDCI) ont engagé leur formation politique respective dans une alliance pour des élections inclusives et transparentes. Vu aussi leur popularité, ils représentent un véritable barrage à l’élection présidentielle pour le président sortant. Par ailleurs, l’ouverture d’un le dialogue politique réclamé  au pouvoir sortant par ces deux formations politiques n’a jamais eu lieu.

Face à ce rejet de la candidature de Laurent Gbagbo, sa formation politique a fait savoir qu’Il n’y a pas d’autre alternative que la candidature de Laurent Gbagbo. « Nous  allons tout faire pour que nos droits soient respectés », a déclaré Sébastien Dano Djédjé,  Président exécutif du parti. Même son de cloche du côté du PDCI. « Il n’y a pas de plan B. Nous participerons à cette élection avec notre seul et unique candidat Tidjane Thiam », a soutenu  Akossi Bendjo, Vice-Président du parti lors  de la conférence de presse de jeudi 11 septembre au siège du PDCI.

Parmi les candidatures rejetées, il y a aussi celle  du président du Front Populaire Ivoirien (FPI) et ex-premier ministre Pascal Affi N’Guessan. Il a rejoint le mouvement « Trop c’est trop » lancé par le parti de Laurent Gbagbo. L’objectif de ce mouvement  vise à  faire barrage au 4e mandat de l’actuel président de la république Alassane Ouattara, arrivé au pouvoir en 2011 après une crise post-électorale meurtrière.

Affi N’Guessan  dénonce une manœuvre politique derrière le rejet de sa candidature. «  Le rejet de ma candidature vient du fait que je me suis rapproché du PPACI »,a-t-il fait savoir.

Le Chef de l’Etat sortant, Alassane Ouattara n’a pas de soucis  à se faire. Il aura  en face des candidats de l’opposition sans la caution  de leur parti politique qu’ils ont quitté pour diverses raisons pour se présenter à la présidentielle. C’est le cas de Ahoua Don Mello, actuel représentant de l’Afrique centrale et occidentale des Brics et ex vice-président exécutif du PPACI chargé des Lacs et de la promotion du panafricanisme.  Laurent Gbagbo, fondateur du PPACI avait mis fin le 31 juillet 2025 à ses fonctions au sein de la formation politique, après que Don Mello ait officialisé sa candidature à la présidentielle ivoirienne du 25 octobre 2025. M. Don Mello avait demandé à ce que le  PPACI le choisisse comme « candidat par précaution ».

Jean-Louis Billon, à défaut d’avoir été choisi pour présider aux destinés du PDCI et en être son candidat, a préféré aller à cette présidentielle en tant que président du congrès démocratique (CODE), parti qu’il a fondé le 19 août 2025. L’homme d’affaires prospère a des ambitions présidentielles depuis toujours. Il compte  sur les militants et cadres de son ancien parti qui n’ont pas accepté Tidjane Thiam à la tête du PDCI.

La candidature qui pourrait surprendre dans cette présidentielle d’octobre 25 est celle de Simone Ehivet qui a créé  son propre parti politique, le Mouvement Génération Capable (MGC) en août 2022. Surnommée Dame de fer de la politique ivoirienne, elle jouit d’une popularité qui malheureusement  a  baissé au fil du temps auprès des militants de la gauche Ivoirienne. Ces militants et militantes lui reprochent de n’avoir pas rejoint son ancien compagnon politique Laurent Gbagbo dans le « front commun ».

Henriette Lagou, la deuxième femme à ce scrutin présidentiel est vue comme un outsider sans influence sur la scène politique.

Avec cette liste des candidats  retenus, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix ( RHDP), le parti au pouvoir en Côte,  est quasi certain de remporter l’élection présidentielle d’octobre prochain, sauf un miracle. D’autant plus que les appels et critiques formulés à l’endroit de la  Commission électorale, réclamant  un audit du fichier électoral pour le débarrasser de toutes les anomalies, des noms de  personnes qui ne devaient pas y figurer sont restés sans réponse.

Aujourd’hui, le peuple ivoirien est sceptique avec des appréhensions quand à une présidentielle 2025 apaisée.  Il y a eu des frayeurs à l’annonce  des candidats définitifs devant figurer sur le bulletin unique par le Conseil constitutionnel le 8 septembre dernier. La liste a été rendue publique deux jours avant la date butoir par le Conseil constitutionnel, soit le jour de la rentrée scolaire. Cependant, aucun mot d’ordre de la part des partis politiques écartés à cette présidentielle n’a été lancé appelant à manifester dans la rue. Plusieurs craignaient des troubles.

La campagne électorale est fixée du 10 au 23 octobre. Les partis de l’opposition ivoirienne ont entamé des concertations en refusant pour l’heure le boycott de la présidentiel.

L.Djati, Correspondant Afrique de l’Ouest de Brussels Information Press Media

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