Comment tirer le meilleur parti du dividende dĂ©mographique du continent africain, pour propulser celui-ci vers lâessor Ă©conomique et lâĂ©mergence? Telle Ă©tait la prĂ©occupation majeure qui a rĂ©uni les participants Ă la 4Ăšme Ă©dition du Rebranding Africa Forum (RAF) du 05 au 06 octobre 2017 Ă Bruxelles, sous le thĂšme « Enjeux et dĂ©fis des systĂšmes financiers africains face au dividende dĂ©mographique ». Trois faits majeurs ont largement fait Ă©chos dans la plupart des messages dĂ©livrĂ©s par les orateurs: lâatout potentiel actuel de l’Afrique qu’est son capital humain, une population essentiellement jeune (60% en moyenne), une planification des naissances mieux pensĂ©e, mais aussi la transition dĂ©mographique Ă laquelle lâAfrique doit faire face dans le prĂ©sent et dans un futur proche et Ă venir. Selon les chiffres de la banque mondiale, de 1 milliard de personnes en 2010, la population africaine passera Ă 1,6 milliard en 2030 et 3 milliards en 2065. Les opportunitĂ©s tout comme les dĂ©fis Ă relever semblent ĂȘtre sur le mĂȘme pied dâĂ©galitĂ©. DĂšs lors, quelle stratĂ©gie politique, Ă©conomique, sociale mettre en place pour une transformation positive du dividende dĂ©mographique? De lâavis des experts prĂ©sents Ă ce laboratoire dâidĂ©es pour lâĂ©mergence de lâAfrique, tous les signaux sont au vert. Aux acteurs politiques, Ă©conomiques, socio-culturels, aux institutions nationales de pratiquer une gouvernance bien pensĂ©e et intelligente au service du bien-ĂȘtre de la population. Aux institutions nationales et internationales dâagir ensemble et pour mettre dĂ©finitivement LâAfrique sur les rails du dĂ©veloppement.
Le RAF qui depuis trois ans cristallise lâattention, questionne, interpelle et propose des recommandations sur les grands sujets de dĂ©veloppement du continent africain, a une fois plus tenu toutes ses promesses, en abordant un thĂšme prĂ©occupant dans lâair du temps. Une Ă©dition inĂ©dite tant au niveau de lâorganisation (Ă©vĂšnement toujours flamboyant), quâau niveau de son contenu et bien entendu un arĂ©opage dâinvitĂ©s et dâĂ©minentes personnalitĂ©s Ă travers le monde. Parmi elles, Natalia Kanem, nommĂ©e le 03 octobre 2017 par le SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral des Nations Unies, Directrice ExĂ©cutive du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) Ă titre dâexemple, et une diaspora aussi nombreuse et acquise Ă la bonne cause. Le PrĂ©sident de la RĂ©publique de GuinĂ©e, Son Excellence Alpha CondĂ© qui Ă©tait lâinvitĂ© dâhonneur de cette Ă©dition, Ă©tait reprĂ©sentĂ© par son Premier ministre, Mamady Youla. La Belgique pays hĂŽte depuis le lancement de ce forum Ă©tait fort bien reprĂ©sentĂ©e par deux personnalitĂ©s politiques: Didier Reynders, ministre des Affaires EtrangĂšres et AndrĂ© Flahaut, ministre dâEtat, du Budget, de la Fonction publique et de la simplification administrative. LâUnion europĂ©enne par lâintermĂ©diaire de CĂ©cile Kyenge, dĂ©putĂ©e au Parlement europĂ©en et Vice-prĂ©sidente de lâAssemblĂ©e parlementaire paritaire ACP-UE n’Ă©tait pas en reste.
Dans cette premiÚre partie de notre dossier consacré au RAF 2017, nous vous proposons un petit condensé des réflexions et pistes de solutions des orateurs sur la thématique du jour « Enjeux et défis des systÚmes financiers africains face au dividende démographique ».
D’aprĂšs Thierry Hot, fondateur du Rebranding Africa Forum « Lâenvol tant souhaitĂ© de lâAfrique requiert lâactivation concomitante de 2 leviers: 1. Le renouvellement profond du « Mindset » (mentalitĂ©) en usage pour comprendre et orienter les dynamiques Ă lâoeuvre sur le continent africain. 2. LâavĂšnement dâune « Practice » (pratique) de gouvernance publique et privĂ©e plus intelligente, rĂ©solument orientĂ©e vers le bien-ĂȘtre durable des populations africaines. Lâun des atouts les plus dĂ©cisifs du continent africain est son capital humain et ce au travers du dividende dĂ©mographique. cette question trĂšs complexe et discutĂ©e Ă la fois est devenue lâune des Ă©quations les plus essentielles Ă rĂ©soudre par les dirigeants africains. Quelques chiffres des experts de lâONU retentissent comme un accĂ©lĂ©rateur de la prise de conscience. 1/4 de la population mondiale vivra sur le continent africain dâici 2050. A lui seul, le NigĂ©ria comptera 440 millions dâhabitants, derriĂšre lâInde et le Chine. La population ĂągĂ©e de 65 ans et plus va doubler, passant de 3,4 % Ă 7,7% en Afrique. Il est donc impĂ©rieux de se prĂ©parer Ă de tels bouleversements.
Papa Arona TraorĂ©, SecrĂ©taire ExĂ©cutif African WCA, tout en rassurant les organisateurs de lâappui de la jeunesse dans la mission du RAF, a fait lâĂ©loge du Rebranding Africa Forum. « Rebranding Africa, câest sensibiliser et informer positivement sur tous ceux qui agissent, communiquent et se mobilisent pour lâAfrique. RAF, câest susciter un intĂ©rĂȘt capital, dâenjeux de dĂ©veloppement politique, Ă©conomique et social chez les jeunes. Rebranding Africa, câest contribuer Ă positive, lâimage attractive et les opportunitĂ©s de crĂ©ation de richesses et de business. Rebranding Africa, câest de porter le bon message et dâengager tous les acteurs au processus de la capture du dividende dĂ©mographique. Aussi les jeunes doivent ĂȘtre au premier rang et constituer par la mĂȘme occasion, une force agissante dans les secteurs clĂ©s du dĂ©veloppement, notamment lâentrepreneuriat et lâemploi, la question de lâĂ©ducation, la question de la santĂ© y compris la santĂ© sexuelle et la reproduction et surtout de la planification familiale. Il faut donc aider la jeunesse et dĂ©celer ses compĂ©tences et ses talents pour rĂ©aliser ce grand potentiel de la capture du dividende dĂ©mographique. Nous allons encore nous mobiliser et suivre les engagements pour souffler un nouveau vent dâespoir grandissant dans notre continent.
Nancy Wildfeir-Field, PrĂ©sidente GBCHealth, sâest longuement appesantie sur le pilier santĂ©, la clĂ© de tout dĂ©veloppement. « Dans lâesprit du RAF, je voudrais me concentrer sur la crĂ©ation de partenariats avec le secteur privĂ© pour investir les jeunes sur le dividende dĂ©mographique du continent et transformer la vie des individus et de la communautĂ© dans notre sociĂ©tĂ©. Mais il apparaĂźt d’abord que le secteur privĂ© est trĂšs diversifiĂ©. Il en est de mĂȘme de la diversitĂ© des investisseurs privĂ©s par rapport Ă la coopĂ©ration mondiale, par rapport aux entreprises locales, aux multinationales et PMEs. L’Agenda 2030 fournit aux jeunes un cadre pour aider les entreprises Ă Ă©valuer le type d’investissements dont nous avons besoin pour promouvoir la prospĂ©ritĂ© Ă travers le monde. La santĂ© doit ĂȘtre mise au premier rang pour accĂ©lĂ©rer la rĂ©alisation des objectifs de dĂ©veloppement durable. La santĂ© influence directement ou indirectement la mise en oeuvre des 17 Objectifs de DĂ©veloppement Durable. La santĂ© est l’un des piliers de la feuille de route de l’UA. C’est donc l’un des piliers indispensable dans le dĂ©veloppement du secteur industriel.
Pour Natalia Kanem, Directrice ExĂ©cutive du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) depuis le 03 octobre 2017, la collaboration avec le secteur privĂ©, les jeunes africains, les experts en communication de la diaspora et d’autres acteurs peuvent contribuer au projet de dividende dĂ©mographique que l’on espĂšre sera prospĂšre pour l’Afrique.
« Sachant que les jeunes africains sont intelligents, ils sont Ă©nergiques, ils sont ingĂ©nieux, les ressources limitĂ©es ne devraient pas affecter leur capacitĂ© de rĂ©pondre efficacement. Il s’agit donc de trouver comment rassembler des ressources de partenariats, y compris des ressources financiĂšres pour aider les jeunes. Travailler ensemble avec la mission Ă©conomique pour l’Afrique, travailler avec la Banque africaine de dĂ©veloppement (AFDB), la Banque mondiale , le Nouveau Partenariat pour le DĂ©veloppement de l’Afrique (NEPAD) et tous les autres partenaires, y compris les secteurs privĂ©s, doivent travailler ensemble cette fois-ci. L’autonomisation des femmes est au cĆur des objectifs du dividende dĂ©mographique. C’est pourquoi j’exprime le fait que les jeunes constituent une bonne force, une grande force pour la paix et la stabilitĂ© du continent, une force pour la prospĂ©ritĂ© de l’Afrique. Que le Partnership, Partnership, Partnership (partenariat) travaille avec le leadership , leadership, leadership. Ceci nous aidera Ă promouvoir l’emploi des jeunes dans une communautĂ© mondiale aux derniĂšres innovations, et Ă encourager l’esprit d’entreprendre. Cela peut permettre l’autonomisation Ă©conomique des jeunes africains ».
L’avenir de l’Afrique c’est notre avenir Ă nous tous ». Tels Ă©taient les propos du ministre d’Etat AndrĂ© Flahaut, Ă l’entame de son allocution, pour signifier les liens historiques et l’Ă©volution qui unissent l’Afrique et l’Europe, depuis la nuit des temps. Il a interpellĂ© une fois de plus la Belgique et l’Europe sur le rĂŽle et la place qui leur incombe dans la construction et l’Ă©volution de l’Afrique. « Je mâefforce jour aprĂšs jour de nourrir des liens respectueux et durables avec lâAfrique, pour que nous ne passions pas ici en Europe Ă cĂŽtĂ© de lâhistoire. RĂ©affirmons-le sans cesse, lâavenir de lâAfrique câest notre avenir Ă nous tous. Certains Ă Bruxelles, Paris, ou Londres, continuent de regarder lâimmense continent africain avec paternalisme et condescendance. Ils nâen finissent pas de regretter le temps des colonies. Ils oublient combien ces colonies nous ont blessĂ©, abimĂ©, humiliĂ©, Ă©puisĂ©. Ils refusent dâadmettre que la prospĂ©ritĂ© de nos sociĂ©tĂ©s, câest dâabord Ă vous chers amis que nous la devons, Ă vos parents, Ă vos aĂŻeux. Incapables de penser au-delĂ des difficultĂ©s que vous rencontrez et qui sont rĂ©elles, les nostalgiques du monde dâhier ne peuvent comprendre vos atouts, ni surtout votre force culturelle, intellectuelle, spirituelle en un mot civilisationnelle ».
A lâoccasion de cette 4Ăšme Ă©dition du forum, vous avez dĂ©cidez dâinterroger et de mettre en dĂ©bat, une problĂ©matique de taille, la perspective des 4 milliards dâhabitants Ă lâhorizon 2100. Le dĂ©fi est immense. Une telle perspective implique dâinvestir dĂšs maintenant dans lâĂ©ducation, dans la transmission des compĂ©tences et de savoir-faire mais encore dans la contraception, la santĂ©. Comprenons alors que la mise en oeuvre de nouvelles politiques de partenariat sâimposent au premier-chef. Câest ici que lâEurope a un rĂŽle Ă jouer.
« Jâai choisi de placer mon intervention sur le signe du lien et plus encore de tissage de liens. Face Ă ce dĂ©fi, trois thĂšmes viendront orienter le dĂ©bat. Le premier sâintĂ©resse au capital humain. Le 2Ăšme au pari agro-industriel, le dernier au marchĂ© des services.Dans ces 3 cas il est question du lien Ă faire vivre et Ă promouvoir. Des liens qui parfois doivent ĂȘtre inventives. Lien associatif ou professionnel. Liens dâamitiĂ©s. Lien entre les femmes et les hommes. Lien entre les gĂ©nĂ©rations. Liens culturels ou linguistiques. Lien Sud-Sud, lien Nord-Sud ».
Pour clore cette premiĂšre partie de notre dossier consacrĂ© au RAF 2017, nous vous proposons quelques extraits du message du Premier ministre de la GuinĂ©e, Mamady Youla. « Le facteur dĂ©mographique sur la continent africain est une rĂ©alitĂ© Ă la fois sociale, Ă©conomique et politique. Il doit ĂȘtre apprĂ©hendĂ© par tous comme une rĂ©elle opportunitĂ© mais aussi un important dĂ©fi. Une transition dĂ©mographique rĂ©ussie et au service du dĂ©veloppement suppose en effet, la rĂ©solution des conflits aussi complexes que multiformes. Elle nĂ©cessite par dessous tout lâengagement de lâensemble des acteurs de dĂ©veloppement, afin dây apporter une rĂ©ponse pĂ©renne et transformer cette donne sociale en rĂ©alitĂ© Ă©conomique favorable au progrĂšs Ă la paix, et Ă la cohĂ©sion.
LâAfrique est jeune et doit rĂ©ussir sa transition dĂ©mographique et ĂȘtre pleine consciente des enjeux et dĂ©fis qui y sont associĂ©s. Câest pourquoi, dans le cadre de la mise en oeuvre de lâagenda 2063 de lâUnion Africaine et du programme de dĂ©veloppement durable Ă lâhorizon 2030 des Nations Unies, les chefs dâEtat et de Gouvernement dâAfrique ont consacrĂ© lâannĂ©e 2017 au thĂšme « tirer pleinement profit du dividende dĂ©mographique en investissant dans la jeunesse. Cette thĂ©matique fait ressortir deux exigences:
– lâaccĂ©lĂ©ration de la transition dĂ©mographique
– et la prĂ©paration de la jeunesse Ă faire face aux enjeux de son Ă©poque.
Pour cela, lâUnion Africaine a dĂ©fini une feuille de route actĂ©e sur 4 piliers afin de passer les Africains Ă la voie qui mĂšne au dividende dĂ©mographique:
1) En matiĂšre dâemploi et dâentrepreneuriat, il sâagit de crĂ©er un environnement politique, commercial, financier, Ă©conomique, favorable Ă lâautonomisation des jeunes Ă travers des actions clĂ©s, comme la mise en place de fonds, de micro-crĂ©dits
2) lâamĂ©lioration des offres de formation et dâemploi
3) la promotion de programmes de volontariats, ou
4) la promotion de lâentrepreneuriat jeunes.
Des engagements fermes ont Ă©tĂ© pris par chacun des gouvernements, pour mettre en place des politiques nationales en totale confĂ©rences avec les piliers dĂ©finis ci-dessous. Tirer le meilleur parti du dividende dĂ©mographique, câest aussi adopter une approche commune pour orienter les politiques, vers les vĂ©ritables leviers de la transition sociale ».
Dossier rédigé par Ghislain Zobiyo